RAGE

 

La Rage

Présentation et prévalence :

La rage est une zoonose (maladie animale transmissible à l’homme) causée par un virus du genre Lyssavirus. Présent dans la salive des animaux infectés avant l’apparition des premiers signes cliniques, le virus est principalement transmis à un autre animal ou à l’homme par morsure.

La salive d’un animal enragé au contact d’une plaie ou d’une muqueuse peut également provoquer une contamination.


C’est une infection du système nerveux, une encéphalite, qui perturbe l’activité neuronale.

Le temps d’incubation de la maladie est suffisamment long, en moyenne 45 jours, pour permettre un traitement de la maladie avant que n’apparaissent les premiers symptômes. Cependant, si rien n’est fait avant cela, la maladie est systématiquement mortelle.

En octobre 2023, une femme a succombé au virus de la rage au CHU de Reims suite à une blessure occasionnée par un chat quelques semaines auparavant lors d’un voyage au Maghreb.

En France, depuis 1970, le virus de la rage a entraîné la mort de 25 personnes, dont 23 qui avaient été contaminées à l’étranger, principalement en Afrique (Niger, Gabon,Algérie, Maroc,Égypte, dont une suite à une greffe de cornée, Tunisie, Sénégal, Madagascar, Mali), mais aussi un cas en retour du Mexique et un d’Inde, un du Pakistan.

En 2017, un jeune enfant est décédé de la rage, il avait été mordu par un chien errant sur une plage au Sri Lanka. La morsure, superficielle, avait cicatrisé rapidement, les symptômes nerveux n’étaient apparus que quelques semaines plus tard.

Il y a eu 2 cas autochtones, sachant qu’avant 2019, le dernier cas autochtone recensés chez l’homme remontait à 1924 :

En 2008, en Guyane.

En 2019, un patient vivant en zone rurale de France métropolitaine et n’ayant pas effectué de voyage dans une zone à risque de rage est décédé d’une encéphalite. Le diagnostic de rage n’a été établi qu’à posteriori. Ce patient était infecté par un Lyssavirus (virus de la rage) de chauve-souris.

 


De nos jours, le principal vecteur de la rage pour l’homme dans le monde est le chien.

La France métropolitaine, comme la plupart des pays d’Europe, reste toujours exposée à cette maladie, principalement par l’introduction illégale d’animaux contaminés dans les zones où la maladie sévit ou par des voyageurs s’infectant dans ces zones.

Puisque les virus provoquant la rage ne se transmettent que par la salive d’un animal infecté suite à une morsure ou une griffure, il est grandement recommandé de ne pas manipuler d’animaux sauvages ou domestiques dans les pays où la rage circule. En cas de morsure ou de griffure, il faut nettoyer la plaie au savon, pendant 15 minutes au moins, rincer abondamment et la désinfecter à l’aide d’une solution antiseptique. Prendre ensuite contact avec le centre antirabique le plus proche.

La France remplit depuis 2001 les conditions de pays indemne de rage selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA).

Petit rappel historique :

Dans les années 60, la France métropolitaine fait face à une épidémie de rage, le principal vecteur de diffusion de la maladie à l’époque est le renard.

À partir de 1968, les autorités sanitaires françaises décident donc de prendre des mesures radicales contre les renards.C’est ainsi que dans les années 1970 des campagnes de gazage de terriers sont menées à grande échelle sur le territoire, dans le but d’éradiquer cette zoonose.

La politique sanitaire de l’époque était donc de gazer les renards dans leurs terriers, avec de la chloropicrine, puis de l’acide cyanhydrique (connu aussi sous le nom d’acide prussique ou de zyklon B).

Ces méthodes d’extermination se sont révélées inefficaces et même contre-productives en ce qui concerne l’éradication de la rage, car chez les animaux territoriaux et « densité -dépendants « que sont les renards, les espaces libérés permettent à des individus voisins, éventuellement malades, de coloniser ce territoire laissé sans défense, ce qui a fortement contribué à diffuser l’épidémie.

Le nombre de cas de rage a ainsi augmenté durant la période d’empoisonnement, et n’a faibli qu’au moment où des campagnes de vaccination orale par le biais d’appâts ont été mises en place.

Le programme vaccinal est un succès complet puisqu’en 1998, le dernier renard enragé est détecté en France, marquant ainsi la fin de cette épizootie rabique.

 


Actuellement, afin d’éviter tout risque de réintroduction, la situation de la rage animale en France fait l’objet d’une surveillance permanente, le focus étant mis sur les importations illégales de chiens provenant de pays à risque (pour la population générale, le risque de transmission d’un virus d’une chauve-souris à l’humain est considéré comme très faible en raison de sa faible probabilité d’exposition aux chauves-souris).

LEGISLATION :

  • En France :

Pour vivre en France, les chiens et chats n’ont aucune obligation à être vacciné contre la rage (sauf les chiens de catégorie).

La France, ainsi que tous les pays de l’Union Européenne, ont rendu la vaccination contre la rage OBLIGATOIRE pour tout mouvement vers le pays. Ainsi pour pouvoir revenir en France votre chien ou chat devra être vacciné contre la rage depuis au moins 3 semaines. Le vaccin rage doit obligatoirement être fait sur un animal identifié et doit être notifié sur un passeport européen.

Si votre animal mord un être humain, il devra légalement être mis sous surveillance sanitaire, c’est-à-dire que le propriétaire ou le détenteur devront l’amener en visite chez le vétérinaire, dans les 24 h maximum suivant la morsure, une semaine après la morsure et 15 jours après la morsure, et ce, que le chien ou chat soit vacciné contre la rage ou non.

Si l’animal reste sain, c’est qu’il n’était pas excréteur du virus rabique au moment de la morsure/¬griffure.

La durée de cette surveillance est fixée à quinze jours car cela correspond à la durée maximale d’excrétion présymptomatique observée chez un carnivore domestique.

Cette surveillance est fondamentale, car si elle peut être menée correctement jusqu’à son terme et que l’animal reste sain, elle permet d’orienter la décision thérapeutique du centre antirabique et d’éviter que la personne mordue suive une prophylaxie postexposition pour la rage.

À l’inverse, si des signes de la maladie apparaissent durant la surveillance, l’animal fera l’objet d’une analyse en laboratoire.

La surveillance vétérinaire du carnivore domestique mordeur/ griffeur pendant quinze jours est une obligation légale, que l’animal soit vacciné contre la rage ou non.



  • Un carnivore domestique qui voyage dans l’UE :

Une vaccination antirabique en règle est l’unique exigence en ce qui concerne la rage (pas d’obligation de titrage antirabique).

Tout chien, chat ou furet voyageant dans l’Union européenne avec son propriétaire ou à titre commercial doit

  • Etre âgé de plus de 15 semaines
  • Etre identifié (identification électronique, ou tatouage clairement lisible fait avant le 03/07/2011)
  • Avoir une vaccination antirabique à jour (postérieure à l’identification, valable 21 jours après la primo-injection réalisée à l’âge minimal de 12 semaines) (la durée de l’immunité protectrice est celle spécifiée dans l’AMM du pays où le vaccin a été administré)
  • Avoir un passeport européen fourni et rempli par un vétérinaireCes obligations sont communes pour : Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Chypre, Croatie, Danemark (incluant Groenland et Îles Féroé), Espagne (incluant les îles Baléares, les îles Canaries, Ceuta et Melilla), Estonie, France (incluant Guadeloupe, Guyane française, Martinique, Mayotte et Réunion), Grèce, Hongrie, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Pays-Bas, Pologne, Portugal (incluant les Açores et les îles de Madère), République tchèque, Roumanie, Slovaquie, Slovénie et Suède.

 

De plus, les chiens doivent être traités par un vétérinaire contre les vers (Echinococcus) entre 24 et 120 heures avant l’arrivée en Finlande, en Irlande, à Malte ou au Royaume-Uni. (Voir lien Anivet)

  • Un carnivore domestique qui voyage hors UE :

Pour se déplacer ou revenir de certains pays, il peut être nécessaire de faire procéder par le vétérinaire à un titrage des anticorps antirabiques de l’animal, des délais avant déplacements sont également à respecter en fonction des pays. (Voir lien Anivet).


Actuellement, la libre circulation dans l’UE, les déplacements via le réseau routier, les contrôles insuffisants aux douanes…, font que beaucoup d’animaux entrent sur le territoire de façon illégale.

Les vétérinaires ont alors un rôle de sentinelle essentiel à jouer car, bien souvent, ils se situent en première ligne pour identifier ces animaux.

La plupart du temps, les nouveaux propriétaires qui ont « ramené dans leurs bagages » un nouveau compagnon, prennent rdv à la clinique pour une première visite sans avoir conscience des risques sanitaires qu’ils ont pris.

Un carnivore domestique en situation d’illégalité doit être déclaré aux autorités sanitaires vétérinaires (Direction départementale de la protection des populations, DDPP) afin qu’une mesure de gestion soit prise. Le choix est alors de la responsabilité de la DDPP et non du vétérinaire sanitaire.

Selon les résultats de cette analyse de risque, l’animal pourra être :

  1. Euthanasié (risque élevé)
  2. Mis sous surveillance durant six mois en fourrière (risque modéré)
  3. Ou chez le propriétaire (risque faible). Dans ce cas, la mise sous surveillance doit s’accompagner de visites périodiques chez le vétérinaire sanitaire pour attester du bon état clinique de l’animal.

Situation en Europe :

L’Union européenne, qui avait prévu l’éradication de la rage de son territoire en 2020, a vu le virus réapparaître en Hongrie et en Slovaquie (la guerre en Ukraine n’est pas étrangère à cette « réémergence ») alors qu’il ne restait que deux États membres de l’UE27 à recenser des cas de rage : la Roumanie et la Pologne (avec moins de 10 cas détectés en 2018 et 2019 dans ces deux pays).

La rage tue encore une personne toutes les 10 minutes dans le monde, il convient donc de rester vigilant sur cette zoonose.

https://www.mesvaccins.net/web/news/21343-france-une-femme-est-decedee-de-la-rage-le-9-octobre-2023#:~:text=Le%20Centre%20National%20de%20R%C3%A9f%C3%A9rence,ne%20sont%20pas%20en%20danger

https://www.erudit.org/fr/revues/fr/2019-v30-n2-fr04792/1062446ar/

https://www.anses.fr/fr/content/la-rage

https://www.pasteur.fr/fr/accueil/journal-recherche/actualites/cas-rage-exceptionnel-france-transmise-chauve-souris#:~:text=En%20aout%202019%2C%20un%20cas,un%20patient%20en%20Nouvelle%2DAquitaine

https://agriculture.gouv.fr/rage-informations-grand-public-et-voyageurs

https://agriculture.gouv.fr/gare-la-rage

https://www.anivetvoyage.com/reglement-europe/73-voyage-ue.html

https://www.anivetvoyage.com/formalites-pays/r/80-royaume-uni.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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