Dans la catégorie des phrases les plus prononcées chez le vétérinaire, nous avons « ce sont des bêtes à chagrin« .
Cette phrase est vraiment dans le top 3 des plus entendues en clientèle canine.
Dans la majorité des cas, elle est prononcée lorsque l’animal chéri, le compagnon de tous les instants, vit ses derniers instants.
Parce qu’il souffre d’une pathologie incurable, qu’il est très âgé et qu’il a l’air de souffrir sans pouvoir être vraiment soulagé et/ou lorsqu’il faut prendre une décision d’euthanasie.
On sait parfaitement que nos chats et nos chiens ont une durée de vie nettement inférieure à la nôtre mais on fait souvent en sorte de l’oublier, consciemment ou inconsciemment. De ce fait, lorsque la réalité nous rattrape, cela est d’autant plus douloureux et plus ou moins bien accepté, les liens qu’on a pu tisser avec un animal de compagnie étant parfois plus solides et plus satisfaisants qu’avec certains humains.
L’animal est un membre de la famille, sa disparition est souvent un choc.
Il convient de pouvoir faire le deuil de cet être aimé, ce qui nécessite parfois d’être accompagné par des professionnels (psychologues, psychothérapeutes…), de plus en plus sollicités pour répondre à ce genre de problématique.
Mais il convient de garder à l’esprit que cette définition ne peut en aucun cas être le résumé d’une vie avec quelqu’un qu’on aime !! Ce serait vraiment très restrictif !
Et cela nous inciterait à ne plus jamais aimer, pour limiter drastiquement le risque de souffrir !
Cette phrase balaie tout le reste des moments magiques passés avec l’être aimé, elle serait un bien triste résumé de toute la complicité, l’amour, la joie qui nous ont liés l’un à l’autre.
D’autant qu’à l’origine, cette expression semble avoir eu une tout autre signification :
- Ainsi, dans un livre intitulé “La vapeur. Souvenirs d’un mécano de locomotive (1932-1950)”, la « bête à chagrin » est une mauvaise machine, peu performante, à problèmes (locomotive) . Extrait : » à l’autre bout de la chaîne, il y avait les bêtes à chagrin, les sapins comme on les appelait, dont personne ne voulait et qui étaient affectées aux mécanos derniers nommés. […] Souvent, après plusieurs semaines, ils avaient réussi à mettre le doigt dessus, ils y remédiaient. Le sapin ne deviendrait jamais une perle, mais c’était à présent une loco convenable. »
- Autre source : « Bête à chagrin » existerait depuis 1850 || ◊ Godart, Agriculture. Aux cultivateurs meusiens, 1850 (Roland de L.), ce serait la première fois qu’on retrouve l’expression dans la littérature. Il s’agissait ici d’un mauvais cheval, un cheval se trouvant rarement à l’arrivée.
En conclusion, et pour revenir à la signification actuelle de cette expression, le mieux reste peut-être d’apprendre à profiter de l’instant présent !